Un vent de colère souffle sur la Turquie. Après le séisme de février dernier qui a fait 50 000 morts, la crise économique, les guerres, le président Recep Tayyip Erdoğan semble plus contesté que jamais. Pourtant, après vingt ans de pouvoir sans partage, l'homme fort d'Ankara a été réélu le 28 mai 2023, prenant de court l'opposition et les puissances occidentales qui anticipaient une défaite. Pour réussir son pari, Erdoğan a sa méthode : flatter la frange la plus conservatrice et religieuse de son électorat, jusqu’à s’enfoncer un peu plus dans l’islam politique radical. Ses cibles favorites : les femmes et la communauté LGBT, qu’il insulte et opprime mandat après mandat. Ses ennemis jurés : les Kurdes, qu’il pourchasse dans le nord de la Syrie mais aussi en Suède, où Recep Tayyip Erdoğan a provoqué une grave crise diplomatique. Manipulateur hors pair, maître-chanteur, celui qui rêve de s’asseoir à la « table des Grands » a profité de la guerre en Ukraine pour avancer ses pions. Il est le seul à pouvoir discuter à la fois avec Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky, tout en ayant la confiance – certes relative – de l’ouest et de l’OTAN. Recep Tayyip Erdoğan est animé par un esprit de revanche. Une revanche sur l’Occident qui aurait trop longtemps humilié la Turquie ; une revanche sur Atatürk et la laïcisation à marche forcée de la Turquie au XXe siècle ; une revanche sur son enfance modeste dans un quartier pauvre d’Istanbul.
Erdoğan, incontournable ? Mais à quel prix ? Son pouvoir grandissant représente-t-il une menace pour les démocraties occidentales ?
France 5 - 70MN
REALISATION : Romain BESNAINOU
IMAGES : Arnaud FAURA /Julien VOIGT / Lorenz HUBER
MONTAGE : Mathieu LERE